Atlas Social de Caen

De l'agglomération à la métropole ?

L’hippodrome de Caen La Prairie, un haut-lieu du trot à l’échelle nationale, et au-delà

par Maxime Julien et Philippe Madeline

planche publiée le 27 septembre 2021

Lieu de promenade et de calme au cœur de la ville, l’hippodrome de Caen est également un haut lieu de l’hippisme français. Depuis le début du 19e siècle, il fait rayonner le monde du trot dont l’élevage normand est le spécialiste national. Une notoriété qui a conduit en 2014 l’ex Basse-Normandie et Caen à la tête d’un évènement mondial.

1Après Lexington aux États-Unis en 2010, l’ex Basse-Normandie a organisé les jeux équestres mondiaux de 2014. Grâce à cette manifestation, la région a bénéficié d’une visibilité de premier plan. La ville de Caen, qui en fut l’épicentre, a accueilli près de 1 000 athlètes et 600 000 spectateurs. Durant deux semaines, différents sites ont été sollicités : le stade d’Ornano pour la voltige et le concours de saut d’obstacles, le Zénith pour la voltige ou encore l’hippodrome de la Prairie pour l’attelage.

Des courses depuis plus de 180 ans

2Au-delà de cet évènement qui a mis Caen sous le feu des projecteurs, la ville a tissé depuis fort longtemps un lien particulier avec le monde équestre. Connue pour son Académie d’équitation fondée en 1728 par Pierre des Brosses de la Guérinière (1687-1761), frère de François connu pour son titre d’Ecuyer ordinaire du Roy Louis XV, la ville est un haut-lieu des courses hippiques. L’hippodrome de la Prairie, en plein cœur de ville, en est le site emblématique. Dédié aux activités hippiques et à la promenade, il constitue un repère dans l’espace urbain et apparaît comme un site majeur de l’identité caennaise. Édifié dans une partie de la vallée marécageuse traversée par l’Orne et ses affluents, il accueille des courses dès 1837 selon la volonté de la municipalité ainsi que des principaux éleveurs de la région. Malgré des travaux concernant les infrastructures d’accueil des professionnels et la rénovation des tribunes en 1970, le site présente une grande continuité depuis 1839, date à laquelle il devient hippodrome permanent. Spécialisé dans les courses de trotteurs dont la Normandie est le berceau de la race, l’hippodrome organise des courses depuis plus de 180 ans, dans lesquelles figurent une majorité de chevaux nés et élevés en ex Basse-Normandie.

L’hippodrome de Caen

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Photographie : Sébastien Charpentier et Guillaume Bailly

La piste de près de deux kilomètres de long borde, à l’est, le centre-ville reconstruit de Caen. Piétons, cyclistes et automobilistes peuvent facilement apercevoir les courses.

3Sur une piste en sable de 1 954 mètres, trois activités cohabitent : les courses, les courses de qualification et les ventes de chevaux. Classé parmi les vingt premiers hippodromes régionaux français, signe de reconnaissance de la qualité des infrastructures de la part des instances hippiques, l’hippodrome a par exemple accueilli 235 courses (28 journées) entre mars et novembre 2018. Cet hippodrome non côtier, qui ne bénéficie pas d’un engouement touristique notable, enregistre la fréquentation d’un public de connaisseurs fidèles. Mais chaque année, un des mercredis du mois de mai, l’affluence atteint un sommet : environ 5 000 spectateurs assistent à trois courses de groupe, soit le niveau international le plus relevé. Avec cet évènement, Caen reçoit les écuries les plus prestigieuses mais aussi les meilleurs drivers et surtout les cracks des trotteurs : les Ourasi, Ready Cash, Bold Eagle, etc.

Des courses de qualification et des ventes pour les professionnels

4L’hippodrome est aussi le théâtre de courses de qualification. C’est l’étape essentielle dans la sélection des jeunes chevaux avant de leur ouvrir un engagement dans les courses. En 2015, plus de 14 000 trotteurs ont concouru pour la qualification en France. Sur ce total, 5 148 (soit 36 %) ont couru à Caen, ce qui en fait le premier site français. Pour atteindre un tel niveau, 50 réunions ont été organisées dans l’année. Elles ont permis à 1 929 chevaux de se qualifier. La place remarquable occupée par Caen s’explique notamment par la densité régionale des élevages de trotteurs, la Prairie apparaissant comme le débouché naturel de la filière.

Une course officielle en mars 2020

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Photographie : Jean-Marc Fournier

5Au total, l’hippodrome caennais est donc mobilisé près de 80 jours dans l’année, ce qui nécessite une logistique de qualité de la part des organisateurs. Toutes les courses sont ouvertes au public mais l’affluence s’avère être très variable avec un public important de curieux et de passionnés pour les courses « officielles », tandis que les qualifications attirent seulement les professionnels. Ces derniers sont aussi sollicités quelques jours par an pour les ventes de chevaux. Elles n’existent que depuis 1986, date de la création de la Société des éleveurs de Caen. Le projet porté par Albert Viel, représentant d’une dynastie d’éleveurs de premier plan, était de créer un débouché commercial pour les petits éleveurs. Dès le début, le catalogue des ventes a été attractif, proposant des chevaux de haut niveau. Très vite, les ventes caennaises ont acquis une grande notoriété. En 2018, les neuf journées de ventes ont généré un chiffre d’affaires de 2,7 millions d’euros pour un prix moyen de 4 523 euros par cheval.

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Graphique : Maxime Julien et Philippe Madeline. Source : Association des Eleveurs Normands

Les ventes de yearling sur l’hippodrome de Caen

Avec plus de 600 transactions en 2017, les ventes de yearlings ont atteint un record. Dans un marché équilibré entre vente et demande, le léger tassement qui a suivi s’inscrit dans un contexte concurrentiel de plus en plus fort (Deauville, Cabourg, Vincennes). Concernant les paris, l’hippodrome de Caen résiste plutôt bien : une diminution de 31 % en moins de dix ans contre 44 % en France.

Pour citer ce document

Maxime Julien et Philippe Madeline, 2021 : « L’hippodrome de Caen La Prairie, un haut-lieu du trot à l’échelle nationale, et au-delà », in Atlas Social de Caen [En ligne], ISSN : 2779-654X, mis à jour le : 27/09/2021, URL : https://atlas-social-de-caen.fr:443/index.php?id=890, DOI : https://doi.org/10.48649/asdc.890.

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Bibliographie

Julien M., Univers et pratiques de la filière hippique en Basse-Normandie : une approche géographique, Thèse de doctorat en géographie, Université de Caen Normandie, https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01867559

Index géographique

Maxime Julien

Docteur et agrégé de géographie, Chercheur associé UMR 6590 Espaces et Sociétés (ESO)

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Jean-Marc Fournier

Jean-Marc Fournier est professeur de Géographie à l'Université de Caen, membre du laboratoire Espaces et Sociétés (ESO). Ses travaux portent sur la dimension spatiale des sociétés d’Amérique latine. L’objectif est de mettre en évidence les rapports de pouvoir entre groupes sociaux afin de mieux comprendre la production et reproduction des inégalités sociales. La question du partage de l’eau dans les villes a longtemps constitué mon principal thème d’étude pour montrer comment, au-delà d’une répartition inégalitaire, l’eau constitue en enjeu fort de pouvoir. Un second thème d’étude est celui des mobilités géographiques et sociales envisagées, au-delà des déplacements, comme des formes de capitaux. D’autres entrées thématiques retiennent mon intérêt en fonction des lieux et groupes étudiés et de leur pertinence pour expliquer les inégalités et injustices sociales.

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Jean-Marc Fournier

Guillaume Bailly

Les travaux de Guillaume Bailly s’inscrivent dans le champ de la géographie du pouvoir et de l’aménagement de l’espace et l’urbanisme. Ils portent notamment sur la transition socio-écologique des territoires, l'innovation et la gouvernance territoriale en s’appuyant sur l’analyse spatiale et le travail de terrain. Il est impliqué dans plusieurs programmes de recherche en cours portant sur Mouv'ngo, le Pôle métropolitain Le Mans Sarthe, l’autopartage et mobilité électrique. Ses thématiques d'enseignement ont trait à l'aménagement du territoire, la gouvernance territoriale, l'e-gouvernance, la conduite de projet urbain et la géomatique (programmation, SGBDR, analyse spatiale, modélisation 3D, CAO, webmapping, usage des drones).

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Guillaume Bailly

Stanislas Charpentier

Stanislas Charpentier est Ingénieur d'études au sein du laboratoire Espaces et Sociétés (ESO) à l'Université du Mans. Il accompagne l'équipe de chercheurs sur différents projets de Recherche liés à l'aménagement du territoire. Ses missions vont de la production de données à l'analyse et représentation de l'information spatiale. Il est également télépilote de drone depuis 2016.

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Résumé

Lieu de promenade et de calme au cœur de la ville, l’hippodrome de Caen est également un haut lieu de l’hippisme français. Depuis le début du 19e siècle, il fait rayonner le monde du trot dont l’élevage normand est le spécialiste national. Une notoriété qui a conduit en 2014 l’ex Basse-Normandie et Caen à la tête d’un évènement mondial.

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