Accueillir des habitants en danger, en détresse ou en grande précarité
par Robert Hérin et Laura Pauchard
Table des matières
Le parcours d’insertion de personnes en difficulté passe en priorité par le logement. Depuis une dizaine d’années, c’est le mot d’ordre qui prédomine : le logement d’abord. Dans le Calvados, on compte 2 809 places en hébergement d’urgence, temporaire, pour une nuit ou quelques jours, pour des personnes seules ou des familles sans abri, sans domicile fixe. Comment ces personnes sont-elles repérées et aidées ? Quels rôles jouent les services publics, les associations ou encore le secteur privé ?
Un manque de logements chronique
1En 2009, la loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion (loi Apparu) cherche à résoudre la crise du logement : pénuries de logements, difficultés à se loger à un prix abordable, manque de logements sociaux, etc. Puis en 2014, la loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové vise à favoriser l’accès de tous à un logement digne et abordable. De plus, le plan quinquennal (2018-2022) pour le logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme vient compléter ce dispositif légal. Il part du constat que le problème de manque de logements est chronique, que les dispositifs d’hébergement d’urgence sont saturés et qu’ils sont coûteux.
Crédits : R. Hérin, L. Pauchard. Réalisation : C. Mellet, 2022.
Figure 1 : Les accueils d’urgence
2A l’échelle du département, les Services intégrés d’accueil et d’orientation (Siao) coordonnent et régulent le secteur de l’accueil, de l’hébergement et de l’accompagnement. Ils ont été créés en 2010 et sont financés par l’Etat. Sous l’autorité du préfet et de la Direction départementale de la cohésion sociale (Ddcs), ils sont chargés de recenser les disponibilités d’hébergement, les demandes de mises à l’abri de personnes sans domicile reçues par le 115, le numéro de téléphone d’urgence, et de les orienter vers les différents dispositifs. Promu observatoire social et coordinateur des interventions et des intervenants, le Siao s’impose comme le dispositif central de la veille sociale. Dans le Calvados, la mise en œuvre du Siao relève, depuis 2016, de l’association des amis de Jean Bosco.
3Afin de rencontrer et d’apporter une aide aux personnes à la rue, des maraudes parcourent les quartiers pour un contact, de la nourriture, la proposition et l’acceptation d’un hébergement. Dans le Calvados, interviennent principalement les travailleurs de rue du Trait d’union de l’Association calvadosienne pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte (Acsea) et les maraudes de nuit de La Croix-Rouge.
Plusieurs structures d’accueil pour des publics variés
4Plusieurs structures accueillent, pour une nuit ou plus, les personnes en difficultés. Outre la mise à l’abri et le repos, ces structures peuvent proposer des consignes individuelles, des douches, une laverie, un café, un micro-onde ou encore des dons alimentaires et de vêtements, des services médicaux, un soutien à la scolarité, des conseils et orientations, des journaux, des livres, des animations, un chenil, etc. À Caen, La Boussole est une structure d’accueil de jour, gérée par le Centre communal d’aide sociale (Ccas) de la ville de Caen pour les personnes seules, hommes ou femmes, en grande précarité, souvent SDF ou victimes de violences. Le Service d’accueil et d’accompagnement social (Saas), à Caen, de l’association Itinéraires Caen-Lisieux, accueille dans la journée des femmes enceintes ou accompagnées d’enfants mineurs, certaines victimes de violences conjugales.
Photo 1 : Le centre d’accueil de jour La Boussole sur la Presqu’île
Photo : J.-M. Fournier.
Photo 2 : Le village mobile Caffarelli de l’association 2ChosesLune sur la Presqu’île
Photo : J.-M. Fournier.
5Les centres d'hébergement d'urgence offrent, eux, un logement d’une nuit à plusieurs semaines, voire plusieurs mois. À Caen, l’Acsea gère le Trait d’union qui regroupe aujourd’hui trois centres de ce type : Le Cap Horn (60 places), La Charité (20 places) et le centre d’hébergement pour demandeurs d’asile (50 places). Succédant à l’Acsea, l’association Coallia (siège à Paris, plusieurs centaines d’établissements répartis dans 44 départements) gère maintenant le centre d'hébergement d'urgence de nuit Vanier, à la Pierre-Heuzé à Caen, qui accueille des familles avec enfants sans abri, en grande majorité d’origine étrangère. Ce centre accueille jusqu’à 100 personnes en période de grand froid ; mais il ne propose pas d’accompagnement social.
Photo 3 : Le foyer d’accueil d’urgence Le Cap Horn
Photo : J.-M. Fournier.
Le foyer d’accueil d’urgence Le Cap Horn vu depuis la rue du Marais, un bâtiment caché entre la ligne ferroviaire et un escarpement dans le plateau calcaire.
6Lorsque les places dans les hébergements d’urgence font défaut, notamment en période hivernale, le 115 a recourt aux nuits dans des hôtels conventionnés. En 2015, jusqu’à 1 000 personnes par jour ont été hébergées dans une quinzaine d’hôtels, dont une douzaine à Caen. Le Calvados est alors l’un des départements où les recours aux nuitées en hôtel pour des familles et personnes seules sont les plus nombreux. Coûteuse pour l’État, cette solution est aussi peu propice à l’accompagnement social par les travailleurs sociaux. C’est pourquoi le dispositif Hébergement d’urgence et accompagnement social (Huas) a doté en 2016 le Calvados d’un budget de 15 millions d’euros sur cinq ans pour créer 500 places supplémentaires dans des hébergements d’urgence. Au terme de l’appel d’offre, c’est l’agence immobilière Colin-Laborie Un toit pour tous qui a été retenue pour proposer des logements adéquats.
Pour citer ce document
Robert Hérin et Laura Pauchard, 2023 : « Accueillir des habitants en danger, en détresse ou en grande précarité », in Atlas Social de Caen [En ligne], ISSN : 2779-654X, mis à jour le : 25/10/2023, URL : https://atlas-social-de-caen.fr:443/index.php?id=1212, DOI : https://doi.org/10.48649/asdc.1212.
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Hommage à Laura Pauchard
Cet atlas n'aurait jamais pu voir le jour sans le dynamisme, les exigences scientifiques et les grandes capacités d'organisation de Laura Pauchard, ingénieure d'études à ESO-Caen.
Entre 2019 et 2022, elle y a passé une très grande partie de son temps professionnel.
Laura nous a quittés le 18 août 2022 à 33 ans. Cet atlas lui est dédié.
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Le parcours d’insertion de personnes en difficulté passe en priorité par le logement. Depuis une dizaine d’années, c’est le mot d’ordre qui prédomine : le logement d’abord. Dans le Calvados, on compte 2 809 places en hébergement d’urgence, temporaire, pour une nuit ou quelques jours, pour des personnes seules ou des familles sans abri, sans domicile fixe. Comment ces personnes sont-elles repérées et aidées ? Quels rôles jouent les services publics, les associations ou encore le secteur privé ?
Annexes (1)
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