Atlas Social de Caen

De l'agglomération à la métropole ?

La vie LGBT à Caen : de la clandestinité à la visibilité

par Jean-Marc Fournier

planche publiée le 11 juin 2021

Il existe à Caen une vie associative LGBT (Lesbienne, gay, bi, transgenre) dynamique et une marche des fiertés qui rassemble tous les ans jusqu’à 2 000 personnes. Depuis 40 ans, les associations, les commerces, les lieux de rencontre mais également les lois et les mentalités ont beaucoup changé. Plus visibles, ces habitants sont désormais mieux acceptés.

1En 1982, la France vote une loi de dépénalisation de l’homosexualité : les fiches de police recensant les personnes LGBT sont alors détruites. La même année, le groupe de libération homosexuelle de Caen, membre d’un collectif national, est créé. Il dispose d’un local associatif rue Écuyère dénommé le Bilboquet. On compte à proximité un restaurant féministe et un bar de nuit rue Saint-Pierre. Quelques années plus tard, un premier bar gay plus visible ouvre place Courtonne. Deux parkings font office de lieux de drague gay nocturnes : proche du château, en position centrale, et proche de l’hippodrome, en position plus excentrée. Dans tous ces lieux, la discrétion voire la clandestinité s’imposent.

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Les lieux LGBT actuels et passés

Carte : Fournier J-M, Pauchard L., Mellet C.

Il n’existe pas de quartier gay à Caen comme dans les grandes villes françaises. Mais il est possible d’esquisser une géographie des lieux LGBT en retenant trois quartiers relativement centraux : autour de la place Saint-Sauveur, à l’est du port de plaisance et autour de la place du 36e Régiment d’infanterie. Depuis 40 ans, le réseau associatif joue localement un rôle très important.

Des associations conviviales et militantes

2La situation évolue au milieu des années 1990 avec deux associations : A’ nanas, qui rassemble des lesbiennes, et Les enfants terribles (LGBT) qui deviennent les principaux interlocuteurs auprès des organismes publics. Elles ont pour but de défendre les droits LGBT, d’aider les personnes isolées, les victimes d’homophobie et de promouvoir des mesures de prévention dans un contexte marqué par le VIH. Elles visent également à créer des moments de convivialité en organisant des soirées. En parallèle, plusieurs établissements commerciaux apparaissent entre 1996 et 2000 : des bars spécifiquement LGBT (le Phil and Béa, L’Excuse, un bar transformiste rue du Vaugueux), un sauna (Arc en Ciel) ou des lieux tolérants et ouverts à tous, comme par exemple Le Gibus Café ou encore Le Cabaret Joyeux (discothèque). Il n’existe alors pas réellement de communauté locale LGBT au sens fort mais plutôt des réseaux de connaissances informels.

3En 1999, le vote du pacte civil de solidarité (Pacs) donne lieu à une plus grande reconnaissance sociale et à plus de liberté. Ouvrent un deuxième sauna (L’Open), un Cruising Bar (L’Apollon) puis une discothèque (Le Pink). D’autres bars et restaurants sont tenus par des couples de femmes ou d’hommes, sans pour autant qu’ils ne soient étiquetés LGBT, tout en accueillant des clientèles diverses qui se respectent et se mélangent. La visibilité dans l’espace public s’accroît avec, entre 2001 et 2003, les trois premières marches des fiertés (alors appelées Gay Pride). Puis cette marche est interrompue pendant cinq ans.

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Le Centre LGBT+ de Normandie et l’Aqueerium rue du 11 novembre

Photo : Fournier J-M, 2020

Une société plus tolérante

4Une nouvelle phase s’ouvre en 2008 avec la création du Centre LGBT+ de Normandie qui fédère treize associations locales mais également régionales (Calvados, Manche, Orne et Seine-Maritime). Le sigle LGBT+ désigne un groupe plus large incluant les personnes queers (cherchant à s’affranchir des normes sexuelles et de genre), intersexes, asexuelles, et plus généralement les individus non hétérosexuels et non cisgenres (ne se reconnaît pas dans le genre assigné à sa naissance).

5Les marches des fiertés reprennent dans un esprit festif et surtout militant : elles comprennent des kiss-in revendiquant le droit de s’embrasser dans des lieux publics et des die-in (les participants s’allongent pour symboliser les morts LGBT). De plus, entre 2008 et 2014, pendant les marches des fiertés, le maire socialiste fait flotter un drapeau arc-en-ciel sur la mairie de Caen. En 2012, le Centre LGBT+ de Normandie s’installe dans la maison des diversités, Boulevard Dunois. Puis en 2019, il déménage en position plus centrale (rue du 11 novembre) avec L’Aqueerium, bar féministe et queer, avant de déménager en 2021 rue du Général Giraud. Le vote du mariage pour tous en 2013 a soulevé de très fortes oppositions et des épisodes de grande violence, mais a finalement permis de faire évoluer la société. Les longs débats autour de la procréation médicalement assistée pour toutes (2021) soulignent les difficultés récurrentes.

6Au fil des années, des associations ont été dissoutes, des établissements commerciaux ont fermé, d’autres ont été créés dans des lieux différents. Les réseaux sociaux numériques ont en partie remplacé des lieux d’échange physiques. Si nombre de revendications militantes et politiques ont été satisfaites, ici comme ailleurs en France, les agressions homophobes persistent toujours. Les lieux centraux, socialement et culturellement plus divers, restent souvent davantage propices au respect des différences.

Pour citer ce document

Jean-Marc Fournier, 2021 : « La vie LGBT à Caen : de la clandestinité à la visibilité », in Atlas Social de Caen [En ligne], ISSN : 2779-654X, mis à jour le : 11/06/2021, URL : https://atlas-social-de-caen.fr:443/index.php?id=789, DOI : https://doi.org/10.48649/asdc.789.

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Résumé

Il existe à Caen une vie associative LGBT (Lesbienne, gay, bi, transgenre) dynamique et une marche des fiertés qui rassemble tous les ans jusqu’à 2 000 personnes. Depuis 40 ans, les associations, les commerces, les lieux de rencontre mais également les lois et les mentalités ont beaucoup changé. Plus visibles, ces habitants sont désormais mieux acceptés.

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