Atlas Social de Caen

De l'agglomération à la métropole ?

Caen au 19 e siècle : quelle modernisation ?

par Michaël Biabaud

planche publiée le 11 mars 2021

Au début du 19 e siècle, les nouvelles constructions sont rares à Caen. On observe une première phase de modernisation que l’on peut qualifier de fièvre bâtisseuse des années 1830, puis une seconde phase, entre 1848 à 1870, pendant laquelle on n’hésite pas à raser les zones insalubres tandis que la bourgeoisie quitte le centre pour des espaces périphériques.

1Les remaniements urbains concernent surtout la reconversion des anciens couvents au début du 19è siècle : celui des Carmes, en 1803, qui devient la gendarmerie à cheval puis une prison, le couvent des Capucins, cédé aux Sœurs du Bon Sauveur en 1804 pour y développer le futur hôpital psychiatrique, ou l’ancien couvent de la Visitation, transformé en quartier du cheval dès 1818 avec le quartier Lorge.

La fièvre bâtisseuse des années 1830

2C’est à partir de 1830 que de plus vastes projets sortent de terre. Une ambitieuse opération d’urbanisme est engagée au sud du quartier Saint-Jean, le quartier Singer, à l’initiative d’un riche négociant de l’industrie cotonnière, David Singer. Sont rasés à cette occasion plusieurs habitations, un couvent (Les Ursulines) et, surtout, la presque totalité de l’Hôtel-Dieu. Ce nouveau quartier est destiné à devenir la plus belle partie de la ville. La presse locale se risque même à imaginer ce nouveau secteur comme « une petite Chaussée d’Antin, avec un beau port de plus ». Des propos courants dans ce premier tiers du 19è siècle où l’aménagement des villes de province doit évoquer les plus beaux lieux de la capitale. De nouvelles rues sont percées dans ce secteur : rue de la Marine, rue Nationale, rue du Havre, rue Laplace, rue Singer, Place Singer et quai de Juillet. C’est sur la place Singer que sera élevé la construction la plus audacieuse : la chapelle de la Miséricorde, consacrée en 1881. Critiquée à ses débuts, elle va progressivement devenir un élément fort du paysage caennais, notamment grâce à son étonnant style romano-byzantin.

3Les activités polluantes sont également éloignées du centre-ville. En 1832, la poissonnerie, située à côté de l’église Saint-Pierre, à l’emplacement de son cimetière, est transférée dans une halle moderne construite sur les bords de l’Odon. Le marché couvert, construit en 1882, vient compléter ce très populaire quartier des halles. À cette époque, l’administration municipale est prise d’une forte poussée urbanistique. Elle décide la construction simultanée des abattoirs (ouverts en 1834), du théâtre (inauguré en 1838), de l’extension de la caserne Hamelin (1832).

Figure 1 : Transformations de la place Courtonne

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Photo : Collection Victor Benhaïm (à gauche). Photo : J-M Fournier, Caen en 2020 (à droite).

À gauche, Caen vers 1890 à l’endroit de la future place Courtonne. La poissonnerie (à droite sur cette même photo) construite en 1831 et, dans son prolongement, le marché couvert installé à partir de 1882. Entre les deux, la Tour Leroy.

Le maire François-Gabriel Bertrand : un Haussmann caennais ?

4Cet élan se poursuit dans les années suivantes avec un maire très actif : François-Gabriel Bertrand (maire de 1848 à 1870). Dans les années 1860, le quartier de la foire, devenu insalubre et peu fréquentable, est rasé. Un quartier moderne et bourgeois est élevé à sa place avec les rues Daniel-Huet et Sadi-Carnot, sur lesquelles de nouveaux équipements viennent se greffer : la gendarmerie, les bains et lavoirs publics.

5La rive droite de l’Orne est enfin dotée d’une gare, la gare de l’Ouest, inaugurée en grandes pompes en 1858 par le couple impérial. La gare permet aux faubourgs de se développer. Sous la mandature de F.-G. Bertrand, notons ainsi le percement de la rue de l’Arquette et de la rue de Montaigu qui épaississent l’axe principal de peuplement de cette partie de la ville, matérialisé par les rues de Vaucelles et de Falaise.

6Caen reste toutefois fort incommodante à bien des égards et, à la fin du 19è siècle, bien des ménages bourgeois quittent le centre de la cité. Un pôle de style Belle Epoque sort ainsi de terre, autour de l’ancienne Gare Saint-Martin, en périphérie nord et en surplomb par rapport aux Fossés Saint-Julien. Épargné par les bombardements de 1944, il apparaît aujourd’hui comme l’exemple abouti d’un quartier bourgeois de la Belle Époque.

Figure 2 : La première gare de Caen, gare de l’Ouest, inaugurée en 1858 par Napoléon III et l'Impératrice Eugénie

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Photo : Archives du Calvados_Fonds A.Léger_100fi

Pour citer ce document

Michaël Biabaud, 2021 : « Caen au 19 e siècle : quelle modernisation ? », in Atlas Social de Caen [En ligne], ISSN : 2779-654X, mis à jour le : 11/03/2021, URL : https://atlas-social-de-caen.fr:443/index.php?id=554, DOI : en attente.

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Bibliographie

Site du musée de Normandie https://photo-musee-de-normandie.caen.fr

Index géographique

Résumé

Au début du 19 e siècle, les nouvelles constructions sont rares à Caen. On observe une première phase de modernisation que l’on peut qualifier de fièvre bâtisseuse des années 1830, puis une seconde phase, entre 1848 à 1870, pendant laquelle on n’hésite pas à raser les zones insalubres tandis que la bourgeoisie quitte le centre pour des espaces périphériques.

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