Atlas Social de Caen

De l'agglomération à la métropole ?

« Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es », La division socio-résidentielle dans l’agglomération caennaise

par Étienne Walker

planche publiée le 21 octobre 2021

L’agglomération caennaise (au sens Insee) apparaît socialement divisée entre, d’une part, l’ouest et l’est, et d’autre part, le centre et la périphérie. La position sociale des habitants et le marché du logement expliquent en partie cette organisation. En effet, les emplois, les services et les aménités (ensemble d’éléments qui rendent un lieu avantageux pour y habiter) ne sont pas répartis de manière homogène. L’hypercentre apparaît à ce titre très convoité, les logements étant plus disponibles et abordables en périphérie.

Le centre et l’ouest plutôt « bourgeois »

1Au sein d’une grande partie des communes de Caen ou d’Hérouville-Saint-Clair, mais aussi à Bretteville-sur-Odon, Verson et Épron, les cadres et professions intellectuelles supérieures (Cpis) sont bien plus présents (18 % des résidents en moyenne) qu’ailleurs dans l’agglomération (10 % en moyenne), (typologie : C2 bleu foncé et B2 bleu clair). Recherchant le centre et ses diverses aménités (travail, lieux de consommation, logements distinctifs, etc.), ces groupes bien situés dans la division du travail s’y logent plus facilement, en dépit de valeurs foncières élevées.

2Dans l’hypercentre, voire à l’est de Caen, cette surreprésentation de cadres est comparable à celle des étudiants, eux aussi très diplômés (typologie : B2 bleu clair). Ces derniers composent une part plus importante encore des habitants (55 % en moyenne) au sein de quartiers peu peuplés, mais comprenant des résidences dédiées, à proximité des campus universitaires, notamment au nord de Caen (typologie : B1 et B3, violet).

3À l’ouest de l’hypercentre ainsi que dans les banlieues (au sens Insee) citées précédemment, la surreprésentation des cadres s’ajoute à celle des professions intermédiaires (PI) qui comptent pour 20 % des résidents, contre moins de 15 % dans l’agglomération. Le statut de propriétaire y est aussi plus fréquent qu’ailleurs : 55 % contre 40 % (typologie : C2 bleu foncé).

4Professions intermédiaires et propriétaires sont aussi particulièrement présents au sein des banlieues (au sens Insee) de l’ouest, moins peuplées et plus distantes, où le foncier reste plus abordable. Cela explique la proportion de 83 % de propriétaires, au côté des agriculteurs d’une part, des artisans, commerçants et chefs d’entreprises (Acce) de l’autre : respectivement 0,4 % et 7 % des résidents contre 0,1 % et 3 % pour l’agglomération (typologie : C2 bleu foncé, C1 vert ). Cependant, les Acce sont bien davantage surreprésentés dans l’est de la Presqu’île et à proximité de la zone d’activité du Martray à Giberville, au même titre que les ouvriers en emploi, et plus largement les immigrés et personnes logées à titre gratuit, souvent dans un cadre professionnel (typologie : D1 gris). Très peu peuplées, ces deux zones sont en réalité peu représentatives de l’implantation résidentielle des classes populaires.

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Carte : Walker E., Mellet C.

Les profils socio-résidentiels dans l’agglomération de Caen en 2015

Les périphéries et le sud-est populaires

5Au sein des quartiers de grands ensembles où les habitations à loyer modéré (HLM) sont particulièrement présentes (85 % des résidents y logent en moyenne, contre 25 % dans l’agglomération), on observe une surreprésentation des ouvriers en emploi mais surtout des chômeurs (25 % contre 11 %), plus fréquemment avec enfant(s) et immigrés (16 % contre 7 %), et pas ou peu diplômés (typologie : A1 orange foncé). Ce constat vaut pour la Guérinière, la Grâce de Dieu et le Chemin Vert notamment.

6Les classes populaires sont aussi particulièrement présentes à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, dans la majeure partie de Colombelles, ainsi qu’au sein de certains quartiers nord ou est de Caen : Calvaire Saint Pierre, Pierre Heuzé, Folie Couvrechef (typologie : D2 rose). Souvent peu diplômés et bénéficiaires de logements sociaux, ouvriers, chômeurs et employés y résident plus fréquemment qu’ailleurs, représentant respectivement entre 14 % et 22 % du total des habitants (contre 11 % et 17 % dans l’agglomération).

7D’autres secteurs, tels que les banlieues (au sens Insee) caennaises est et sud, ou la commune de Carpiquet, connaissent non seulement une implantation d’ouvriers et employés plus importante qu’ailleurs, mais aussi de retraités et de propriétaires. Dans des communes souvent historiquement industrielles, ces derniers représentent respectivement 10 % et 58 % des résidents, contre 6 % et 40 % dans l’agglomération (typologie : D3 jaune).

Le poids des valeurs foncières

8Au-delà de la proximité aux aménités centrales ou à un lieu de travail spécialisé, la géographie des groupes sociaux au lieu de résidence reflète le poids des valeurs immobilières. D’un côté, ceux qui occupent des fonctions d’encadrement satisfont plus facilement que les autres leur désir de centralité, moyennant la location ou l’achat de logements plus onéreux qu’ailleurs. De l’autre, ceux qui occupent des tâches d’exécution habitent plus fréquemment au sein des quartiers de grands ensembles et en banlieue (au sens Insee), là où l’activité les appelle en partie mais où, surtout, le logement est plus abordable. Les quartiers périphériques de Caen constituent une transition à la fois sociale et géographique entre ces deux catégories, notamment avec une surreprésentation des jeunes ménages locataires (typologie : C3 orange clair).

Pour citer ce document

Étienne Walker, 2021 : « « Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es », La division socio-résidentielle dans l’agglomération caennaise », in Atlas Social de Caen [En ligne], ISSN : 2779-654X, mis à jour le : 21/10/2021, URL : https://atlas-social-de-caen.fr:443/index.php?id=910, DOI : https://doi.org/10.48649/asdc.910.

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Clément Mellet

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Résumé

L’agglomération caennaise (au sens Insee) apparaît socialement divisée entre, d’une part, l’ouest et l’est, et d’autre part, le centre et la périphérie. La position sociale des habitants et le marché du logement expliquent en partie cette organisation. En effet, les emplois, les services et les aménités (ensemble d’éléments qui rendent un lieu avantageux pour y habiter) ne sont pas répartis de manière homogène. L’hypercentre apparaît à ce titre très convoité, les logements étant plus disponibles et abordables en périphérie.

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